Allâh le Nom de DIEU |
Le voyage vers le Maître de la Puissance, qui est fort connu en arabe sous le titre Risalat ul-anwar fima yumnah sahib al-khalwa min al-asrar (" Traité sur les lumières dans les secrets accordés à celui qui entreprend la retraite"), de Muhyiddin Ibn ul-Arabi (1165-1240), fut originellement publié à Konya, en Turquie. Il existe actuellement quelques soixante-dix copies du manuscrit dans les bibliothèques de par le monde, sous ce titre ou des variantes telles que " Le livre du voyage vers la réalité" et " Le livre de la retraite". Il y a eu deux éditions publiées en arabe: celle du Caire, en 1914, et celle d'Hyderabad, en 1948. Ceci est la première publication de l'ouvrage en anglais.
Il n'existe aucune édition critique du Voyage vers le Maître de la Puissance. J'ai consulté aussi bien les éditions imprimées du texte que la copie partielle du manuscrit, datant du XVIIéme siècle, et appartenant à la collection Garrett de l'université de Princeton. Toutefois, la traduction suit pour une bonne part une troisième version imprimée qui accompagne le commentaire.
A propos de ce commentaire, al-Isar 'an risatlat-ul-anwar fima yatajalla li ahl il-dhikr min al-asrar (" Dévoilement du "Traité sur les secrets révélés au peuple du Dhikr") d'Abdul Karim Jili (1365-1408), on dispose de bien peu d'informations. Il n'est pas daté; les sources bibliographiques ne font référence qu'à deux manuscrits. Il existe aussi sous le titre de Sharh ul-khalwat il-mutlag (" Explication de la retraite absolue"). La seule version que j'aie pu me procurer fut publiée an arabe à Damas en 1929. Les fragments publiés ici représentent également la première traduction anglaise du commentaire.
Le Voyage vers le Maître de la Puissance, d'Ibn'Arabi, fut écrit, ainsi que le montre le texte, en réponse aux questions d'un ami dont le nom n'est pas mentionné et qui était lui-même un saint et un maître soufi. Bien qu'il fût l'auteur de nombreux volumes, Ibn'Arabi affirmait n'avoir rien écrit autrement qu'en obéissant à un commandement Divin. Dans cette lettre, il traite des conditions, des expériences, et des résultats de l'annihilation en DIEU.
Voyage vers le Maître de la Puissance est une discussion du khalwa, la retraite spirituelle, pratique soufie avancée et dangereuse qui vise à atteindre la présence de DIEU par un renoncement total au monde. Le khalwa n'est en aucune façon une technique applicable par tous. Ibn'Arabi déclare explicitement qu'en raison des tromperies qu crée l'imagination, on ne peut l'entreprendre que sur ordre d'un cheikh, ou de quelqu'un qui a acquis la maîtrise de lui-même.
Il indique en outre que poursuivre les expériences du khalwa sans être parfaitement accompli en ce qui concerne les devoirs et la pratique de l'Islam est une invitation à la destruction personnelle. Enfin, chaque étape de l’ascension qu'il décrit est une tentation, et y succomber n'apporterait que calamité et égarement. Seul celui dont le désir de DIEU est irrésistible et qui ne se soucie de rien d'autre est sauf en de telles circonstances.
La pratique du khalwa fut initiée dans l'Islam par le Prophète Mohammed (que la Paix et la Bénédiction d'Allâh soient sur lui), qui avait coutume de se retirer dans une grotte du mont Hira pour se livrer à la contemplation. L'ascension spirituelle qui gravit tous les degrés de l'existence menant à la présence de DIEU, telle que la décrit Ibn'Arabi, possède également un précédent prophétique. Dans son grand voyage nocturne et son ascension, Mohammed se trouva transporté - en un instant qui valait 70 000 années - de la Mecque à Jérusalem et de Jérusalem à travers les cieux, à la Présence du DIEU Aimé, puis en revint.
Selon une tradition, Abu-Jahl, l'un des plus grands ennemis et persécuteurs du Prophète, entendit relater cet épisode et alla voir Mohammed. Le Prophète le reçut.
"Lève un pied du sol", dit Abu-Jahl.
Le Prophète obéit.
"Maintenant lève l'autre, reprit-il.
- Je ne peux pas, répondit le Prophète.
- Comment peux-tu, toi qui est incapable de lever les deux pieds du sol, affirmer que tu es allé au septième ciel la nuit dernière ?
- Ah, mais je n'ai pas dit que j'y suis allé, répondit le Prophète. J'ai dit que j'y ai été transporté."
Ainsi que le fait remarquer Abdul-Karim Jili dans son commentaire, le don de cette ascension, accordé sans préparation aux Prophètes, doit être mérité par les saints.
Son prix est la perfection des arts intérieurs et extérieurs de l'Islam, c'est à dire la soumission à DIEU. Sans la connaissance acquise grâce à la Loi sacrée et la bataille intérieure avec l’ego, il ne peut y avoir aucune contemplation, car comme l'écrit Ibn'Arabi :
" La révélation correspond à l'étendue et la forme de la connaissance. La connaissance de Lui, qui découle de Lui, que tu acquiers au moment de ta lutte et de ton entraînement, tu la réaliseras dans la contemplation. Mais ce que tu contempleras de Lui aura la forme de la connaissance que tu auras acquise auparavant. Tu n'avances en rien sinon par ton transfert de la connaissance ('ilm) à la vision (ayn); et la forme est une."
Voyage vers le Maître de la Puissance, en l'espace d'une lettre brève et extrêmement condensée, touche à de nombreux thèmes qui ne trouvent leur complet développement que dans les autres œuvres d'Ibn'Arabi. Abdul-Karim Jili le fait clairement remarquer dans son commentaire, et éclaire d'autres déclarations aussi obscures par sa connaissance, sa familiarité profondes avec l'oeuvre d'Ibn Arabi. Les commentaires qu'il a produits de certains des passages les plus difficiles ont été ajoutés sous forme de notes.
De nombreuses histoires où Ibn'Arabi intervient nous ont été transmises. Plusieurs d'entre elles sont relatées dans l'introduction. On sait bien moins de choses, en revanche, d'Abdul-Karim Jili. Cet homme fort respecté, qui mourut entre 1408 et 1417, était aussi un cheikh, descendant du grand saint Abdul-Qadir Jilani. Il est le principal systématiseur et l'un des plus grands interprètes de l'oeuvre d'Ibn'Arabi. Son livre, al-Insan al-kamil (" L'homme parfait"), qui explique les enseignements d'Ibn'Arabi quant à la structure de la réalité et de la perfection humaine, est considéré comme un chef-d'oeuvre de la littérature soufie.
On a dit que l'objet du soufisme était la production de saints. Dans l'Islam, on appelle les saints awliya, les amis de DIEU. Le Coran décrit leur état : " les amis d'Allâh - aucune peur ne tombe sur eux, et ils ne s'affligent pas." (10 : 62). Les awliya sont ceux en lesquels il ne subsiste aucune trace de fausse existence. DIEU les garde dans une soumission parfaite, si bien que leurs actions sont Ses actions. Un hadith qudsi dit : " Rien ne m'est plus agréable, parmi les moyens qu'a mon serviteur de se rapprocher de moi, que le culte auquel je l'ai soumis; et mon serviteur ne cesse de s'approcher de moi avec des dévotions volontaires accrues jusqu'à ce que je l'aime; et quand je l'aime je deviens l'ouïe avec laquelle il entend et l’œil avec lequel il voit et la main avec laquelle il prend et le pied avec lequel il marche." Grâce aux saints, dont la vie porte témoignage d'un tel état, l'humanité pourrait comprendre l'oeuvre pour laquelle elle a été créée, et reconnaître que l'être humain véritable est le représentant de DIEU. Par une promesse Divine, le monde n'en sera pas dépourvu jusqu'à la fin des temps.
J'aimerai mentionner l'assistance que m'ont apportée le professeur Roy Parviz Mottahedeh de l'université de Princeton et M. Simon Bryquer de New York pour la révision du manuscrit.
Gloire soit rendue à Allâh pour la générosité du al-Hajj Cheikh Muzafferuddin Ozak Efendi al-Jerrahi al-Halveti d'Istamboul, dont les paroles offrent une introduction édifiante au texte d'Ibn'Arabi, et pour le soutien inestimable du al-Hajj Cheikh Tosun Bekir Bayrak Efendi al-Jerrahi al-Haveti de New-York.
J'aimerai dédier cette traduction à mon père et à ma mère.
Toute erreur contenue dans ce livre serait mienne; mais à Lui seul revient l'éloge.
Puisse le lecteur trouver cette lecture profitable.
Préface de Rabia Terri Harris.
à suivre... (l'introduction)
Il n'existe aucune édition critique du Voyage vers le Maître de la Puissance. J'ai consulté aussi bien les éditions imprimées du texte que la copie partielle du manuscrit, datant du XVIIéme siècle, et appartenant à la collection Garrett de l'université de Princeton. Toutefois, la traduction suit pour une bonne part une troisième version imprimée qui accompagne le commentaire.
A propos de ce commentaire, al-Isar 'an risatlat-ul-anwar fima yatajalla li ahl il-dhikr min al-asrar (" Dévoilement du "Traité sur les secrets révélés au peuple du Dhikr") d'Abdul Karim Jili (1365-1408), on dispose de bien peu d'informations. Il n'est pas daté; les sources bibliographiques ne font référence qu'à deux manuscrits. Il existe aussi sous le titre de Sharh ul-khalwat il-mutlag (" Explication de la retraite absolue"). La seule version que j'aie pu me procurer fut publiée an arabe à Damas en 1929. Les fragments publiés ici représentent également la première traduction anglaise du commentaire.
Le Voyage vers le Maître de la Puissance, d'Ibn'Arabi, fut écrit, ainsi que le montre le texte, en réponse aux questions d'un ami dont le nom n'est pas mentionné et qui était lui-même un saint et un maître soufi. Bien qu'il fût l'auteur de nombreux volumes, Ibn'Arabi affirmait n'avoir rien écrit autrement qu'en obéissant à un commandement Divin. Dans cette lettre, il traite des conditions, des expériences, et des résultats de l'annihilation en DIEU.
Voyage vers le Maître de la Puissance est une discussion du khalwa, la retraite spirituelle, pratique soufie avancée et dangereuse qui vise à atteindre la présence de DIEU par un renoncement total au monde. Le khalwa n'est en aucune façon une technique applicable par tous. Ibn'Arabi déclare explicitement qu'en raison des tromperies qu crée l'imagination, on ne peut l'entreprendre que sur ordre d'un cheikh, ou de quelqu'un qui a acquis la maîtrise de lui-même.
Il indique en outre que poursuivre les expériences du khalwa sans être parfaitement accompli en ce qui concerne les devoirs et la pratique de l'Islam est une invitation à la destruction personnelle. Enfin, chaque étape de l’ascension qu'il décrit est une tentation, et y succomber n'apporterait que calamité et égarement. Seul celui dont le désir de DIEU est irrésistible et qui ne se soucie de rien d'autre est sauf en de telles circonstances.
Mont Hira à la Mecque |
La pratique du khalwa fut initiée dans l'Islam par le Prophète Mohammed (que la Paix et la Bénédiction d'Allâh soient sur lui), qui avait coutume de se retirer dans une grotte du mont Hira pour se livrer à la contemplation. L'ascension spirituelle qui gravit tous les degrés de l'existence menant à la présence de DIEU, telle que la décrit Ibn'Arabi, possède également un précédent prophétique. Dans son grand voyage nocturne et son ascension, Mohammed se trouva transporté - en un instant qui valait 70 000 années - de la Mecque à Jérusalem et de Jérusalem à travers les cieux, à la Présence du DIEU Aimé, puis en revint.
Selon une tradition, Abu-Jahl, l'un des plus grands ennemis et persécuteurs du Prophète, entendit relater cet épisode et alla voir Mohammed. Le Prophète le reçut.
"Lève un pied du sol", dit Abu-Jahl.
Le Prophète obéit.
"Maintenant lève l'autre, reprit-il.
- Je ne peux pas, répondit le Prophète.
- Comment peux-tu, toi qui est incapable de lever les deux pieds du sol, affirmer que tu es allé au septième ciel la nuit dernière ?
- Ah, mais je n'ai pas dit que j'y suis allé, répondit le Prophète. J'ai dit que j'y ai été transporté."
Ainsi que le fait remarquer Abdul-Karim Jili dans son commentaire, le don de cette ascension, accordé sans préparation aux Prophètes, doit être mérité par les saints.
Son prix est la perfection des arts intérieurs et extérieurs de l'Islam, c'est à dire la soumission à DIEU. Sans la connaissance acquise grâce à la Loi sacrée et la bataille intérieure avec l’ego, il ne peut y avoir aucune contemplation, car comme l'écrit Ibn'Arabi :
" La révélation correspond à l'étendue et la forme de la connaissance. La connaissance de Lui, qui découle de Lui, que tu acquiers au moment de ta lutte et de ton entraînement, tu la réaliseras dans la contemplation. Mais ce que tu contempleras de Lui aura la forme de la connaissance que tu auras acquise auparavant. Tu n'avances en rien sinon par ton transfert de la connaissance ('ilm) à la vision (ayn); et la forme est une."
Voyage vers le Maître de la Puissance, en l'espace d'une lettre brève et extrêmement condensée, touche à de nombreux thèmes qui ne trouvent leur complet développement que dans les autres œuvres d'Ibn'Arabi. Abdul-Karim Jili le fait clairement remarquer dans son commentaire, et éclaire d'autres déclarations aussi obscures par sa connaissance, sa familiarité profondes avec l'oeuvre d'Ibn Arabi. Les commentaires qu'il a produits de certains des passages les plus difficiles ont été ajoutés sous forme de notes.
De nombreuses histoires où Ibn'Arabi intervient nous ont été transmises. Plusieurs d'entre elles sont relatées dans l'introduction. On sait bien moins de choses, en revanche, d'Abdul-Karim Jili. Cet homme fort respecté, qui mourut entre 1408 et 1417, était aussi un cheikh, descendant du grand saint Abdul-Qadir Jilani. Il est le principal systématiseur et l'un des plus grands interprètes de l'oeuvre d'Ibn'Arabi. Son livre, al-Insan al-kamil (" L'homme parfait"), qui explique les enseignements d'Ibn'Arabi quant à la structure de la réalité et de la perfection humaine, est considéré comme un chef-d'oeuvre de la littérature soufie.
On a dit que l'objet du soufisme était la production de saints. Dans l'Islam, on appelle les saints awliya, les amis de DIEU. Le Coran décrit leur état : " les amis d'Allâh - aucune peur ne tombe sur eux, et ils ne s'affligent pas." (10 : 62). Les awliya sont ceux en lesquels il ne subsiste aucune trace de fausse existence. DIEU les garde dans une soumission parfaite, si bien que leurs actions sont Ses actions. Un hadith qudsi dit : " Rien ne m'est plus agréable, parmi les moyens qu'a mon serviteur de se rapprocher de moi, que le culte auquel je l'ai soumis; et mon serviteur ne cesse de s'approcher de moi avec des dévotions volontaires accrues jusqu'à ce que je l'aime; et quand je l'aime je deviens l'ouïe avec laquelle il entend et l’œil avec lequel il voit et la main avec laquelle il prend et le pied avec lequel il marche." Grâce aux saints, dont la vie porte témoignage d'un tel état, l'humanité pourrait comprendre l'oeuvre pour laquelle elle a été créée, et reconnaître que l'être humain véritable est le représentant de DIEU. Par une promesse Divine, le monde n'en sera pas dépourvu jusqu'à la fin des temps.
J'aimerai mentionner l'assistance que m'ont apportée le professeur Roy Parviz Mottahedeh de l'université de Princeton et M. Simon Bryquer de New York pour la révision du manuscrit.
Gloire soit rendue à Allâh pour la générosité du al-Hajj Cheikh Muzafferuddin Ozak Efendi al-Jerrahi al-Halveti d'Istamboul, dont les paroles offrent une introduction édifiante au texte d'Ibn'Arabi, et pour le soutien inestimable du al-Hajj Cheikh Tosun Bekir Bayrak Efendi al-Jerrahi al-Haveti de New-York.
J'aimerai dédier cette traduction à mon père et à ma mère.
Toute erreur contenue dans ce livre serait mienne; mais à Lui seul revient l'éloge.
Puisse le lecteur trouver cette lecture profitable.
Préface de Rabia Terri Harris.
à suivre... (l'introduction)
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