vendredi 8 avril 2016

LA PRIÈRE RITUELLE - Un saint soufi du XXème siècle (Cheikh Ahmad al-'Alawî)

Si, en sa plus haute signification, l'ablution représente la réalisation d'un état qu'on ne peut pas dépasser, il est permis de se demander ce que peut encore symboliser la prière rituelle.
Mais ce qui est unique dans le monde de la réalité est multiple dans l'"univers des symboles", expression qui désigne souvent ce monde-ci; en lui, en effet, la lumière Divine est comme réfléchie en d'innombrables miroirs dont certains captent seulement l'un des aspects de cette lumière et d'autres davantage. La station suprême est symbolisée, sous un ou plusieurs de ses aspects, en chaque rite fondamental de chaque religion quand ce rite est considéré en sa plus haute signification. Et l'on peut faire la même remarque sur chaque élément d'un rite complexe comme la prière islamique qui consiste en une série de gestes rituels. On peut considérer chaque geste soit en lui-même, soit soit dans sa relation avec les autres gestes qui le précèdent ou le suivent, c'est à dire soit comme un symbole complet, soit comme partie d'un symbole ou comme les deux à la fois. Cette complexité, inhérente à tout symbolisme, est ce qui rend - ou contribue à rendre - les textes mystiques souvent si difficiles pour des esprits occidentaux modernes. Mais le cheikh présume que les intelligences plutôt synthétiques pour lesquelles il écrit saisiront cette complexité comme quelque chose qui leur est familier et leur appartient comme une seconde nature; aussi ne dit-il absolument rien pour l'expliquer. En son interprétation des gestes de la prière rituelle, les apparentes inconséquences ou contradictions sont simplement dues à la présence simultanée de deux symbolismes en sont esprit. Car, bien qu'il considère surtout les mouvements de la prière comme les éléments d'un tout en relation réciproque, il n'oublie cependant jamais la signification suprême de chacun s'il est pris en lui-même. En d'autres termes - pour user d'un genre d'expression conforme au sien -, l'eau de l'invisible n'est jamais très éloignée de la surface et jaillit continuellement en une source qui inonde d'absolu toute explication. Cela est vrai de tous ses écrits et leur confère une qualité rituelle qui les rend particulièrement comparables à la prière elle-même pendant l'absolu coule sans cesse à flots, par la répétition de la formule Allâhu Akbar (Dieu est le plus grand) qui accompagne chaque rituel à l'exception d'un seul. Comme il l'explique lui-même, le but de cette répétition par l'adorant est de "saturer tous ses instants de la conscience de la grandeur absolue de Dieu".




De la Fâtihah, il dit : " C'est l'intime discours formellement requis de l'adorant dans la Présence Divine, lorsqu'il se tient devant son Seigneur et lorsque les secrets de la Divinité coulent sur lui à flots. Les lumières de la Présence resplendissent sur celui qui parvient à cette théophanie; il a atteint un état d'ultime proximité. Après cela, il ne reste plus rien qu'un échange de confidences. Dans le langage des Gens, c'est la situation du discours intime; en elle l'oreille du gnostique se réjouit de ce que lui dit le Seigneur des mondes."
Puis le cheikh nous ramène à la signification de cet élément du rite, non plus comme un tout en soi; mais par rapport au reste de la prière, en limitant son expression de l'absolu par une allusion à quelque possibilité supplémentaire à venir et au caractère préliminaire de ce qui a été acquis mais qui n'est pas encore une possession éternelle :

" Ce qu'ils entendent de meilleur de leur Divin protecteur est ceci : " Cette proximité ne laisse-t-elle rien à désirer ?"
à quoi, celui qui est immergé dans les lumières de la contemplation répond : " Non, en vérité, et pour cela Louange à Dieu, le Seigneur des mondes", car il a été favorisé au-delà des autres et il a atteint ce que son imagination avait été impuissante à concevoir, ainsi que l'a dit l'un d'eux :


Mon désir fut comblé au-delà de mes plus hautes espérances
Ô qu'il soit mien, totalement et à jamais."

Considérant la prière dans son ensemble, il en  donne le résumé suivant :

" Quand il a rendu valable son entrée dans le rite de la prière (en élevant ses mains et en disant Allâhu Akbar) et quand les lumières de la manifestation Divine ont brillé sur lui de façon visible, il commence à se retirer en lui-même peu à peu, et son premier geste de retrait est de laisser tomber ses mains de chaque côté ou de les poser sur sa poitrine, après les avoir élevées au niveau de la tête. Il fait tout cela en raison de son approche de la vérité, et plus il s'en approche, plus il se retire en lui-même. Car il est d'abord demandé à l'adorant de se dresser de toute sa taille et d'élever les mains devant la vérité qui se manifeste à lui, mais lorsqu'un certain degré d'union a été réalisé et que l'adorant a commencé à s'approcher progressivement de la vérité, sa taille se modifie et son existence s'abaisse et commence à se replier comme se replie le rouleau d'un écrit, à cause de sa proximité à l'égard de la vérité, jusqu'à ce qu'il parvienne à l'extrême proximité qui est la position de prosternation. Le prophète a dit : " C'est dans la prosternation que le serviteur est le plus près de son Seigneur." Dans la prosternation, il descend de la taille de l'existence au repli du néant, et plus son corps est replié, plus son existence l'est aussi, ainsi que l'a dit quelqu'un :


En ma vision s'est anéantie mon existence; je me suis départi
Du "je" de ma vision, en l'effaçant, en ne l'affirmant pas.

" Avant sa prosternation, le gnostique se tenait debout dans la position de l'existence, mais après sa prosternation il s'est éteint, comme une chose disparue, effacé en lui-même et éternel en son Seigneur."

Nous avons déjà mentionné, parmi les gestes de la prière, une inclination suivie de deux prosternations. Après avoir précisé que l'inclination signifie effacement des actions et des qualités (dans les qualités et les actes Divins), il dit au sujet de la prosternation :

" Quand l'adorant est parvenu au degré de prosternation et qu'il s'est éteint à l'égard de l'existence, il se prosterne une deuxième fois afin de s'éteindre à l'égard de son extinction. Ainsi sa (deuxième) prosternation est identique à son redressement de la première, redressement qui signifie subsistance."

Le cheikh veut dire par là que, symboliquement, ce redressement et cet abaissement doivent être considérés comme simultanés; chacun est une extinction en ce sens que chacun représente un "résultat" purement positif de l'extinction :
le redressement signifie subsistance, tandis que la deuxième prosternation couronne cette subsistance de la couronne du Divin. Si nous revenons à ce vers déjà cité :

Tu ne vois pas qui tu es, car tu es, mais non "toi"

on peut dire que le redressement signifie tu es, tandis que la deuxième prosternation signifie mais non "toi". Se référant à la simultanéité de ces deux positions, il continue :

" Il est prosterné à l'égard de la vérité, droit à l'égard de la création, éteint (comme s'éteint une qualité Divine) dans l'unité transcendante, subsistant dans l'unité immanente. Ainsi la prosternation des gnostiques est ininterrompue et leur union ne connaît pas de séparation. La vérité les a tués d'une mort qui ne connaît pas de résurrection.
Alors Il leur a donné la vie, la vie infinie qui ne connaît pas de mort."

Au sujet de la perpétuité de la prosternation, le cheikh attire notre attention sur le fait qu'il est recommandé à l'adorant de ne pas lever les mains du sol pour les placer sur ses genoux lorsqu'il se redresse de la prosternation pour la position assise, mais de les faire glisser du sol ses genoux.
Il estime que cette recommandation est faite "afin qu'on n'imagine pas à tort que l'adorant, après s'être prosterné, c'est à dire après avoir été dépouillé de l'existence et après avoir saisi la corde de l'Essence, son ultime désir, en se relevant abandonne par l'élévation de ses mains tout ce qu'il a gagné... En somme, de cette recommandation, on doit conclure que l'adorant, ayant atteint son but, conserve toujours prise sur la corde de Dieu".

Après la dernière prosternation précédant la fin de la prière, l'adorant reprend la position assise dans laquelle, après les formules de dévotion envers Dieu, les demandes de paix sur le prophète, sur lui-même et sur tous les croyants, il tourne la tête à droite et achève la prière par ces mots : As-Salâmu 'alaikum (la paix soit avec vous !).

De cette position finale, le cheikh dit ceci :

" Il doit prendre une position intermédiaire lorsqu'il retourne à la création, autrement dit, il doit être assis, ce qui est à mi-chemin entre la prosternation et la position debout, afin de rendre valables ses rapports avec la création. Car s'il revenait vers les créatures dans un état correspondant à la prosternation, c'est à dire dans un état d'extinction et d’effacement, il ne pourrait faire attention à elles. Et il ne peut plus retourner à la création dans la position debout, c'est à dire dans l'état d'éloignement de la vérité où il se trouvait avant son extinction, car il retournerait ainsi à la création comme une simple créature et il n'y aurait en lui aucun bien et nul ne bénéficierait de son retour. Il doit donc prendre une position intermédiaire, et "le juste milieu est le mieux en toutes choses". On dit : " Vive l'homme qui connait sa valeur et se place au-dessous d'elle !" Or l'homme n'obtient la connaissance de sa valeur que dans son effacement. Aussi la position assise est-elle requise de lui après son effacement."




Quant à ce qui déplaît à Dieu (makrûh) pendant la prière, Ibn 'Ashir mentionne, entre autres choses : " Réfléchir sur ce qui est incompatible avec un abaissement révérenciel."
Le cheikh dit :

" Toute réflexion est en fait incompatible avec un abaissement révérenciel qui (en son sens le plus total) n'est autre qu'un éblouissement émerveillé devant l'Essence de Dieu. On peut méditer sur les choses créées mais non sur l'Essence, comme l'a dit le prophète : " Méditez sur toutes choses mais ne méditer pas sur l'Essence de crainte de périr." La pensée concerne seulement ce qui est créé, mais quand le gnostique est parvenu au Créateur, alors sa pensée se transforme en émerveillement. Ainsi, l'émerveillement est le fruit de la pensée, et une fois qu'il s'est produit, le gnostique ne doit pas se détourner de lui ni l'échanger pour ce qui est inférieur.
Il ne peut jamais avoir assez d'émerveillement devant Dieu et, en vérité, le prophète disait : " Ô Seigneur, accrois mon émerveillement devant Toi." La méditation est requise du faqîr tandis qu'il accomplit son voyage. On médite sur l'absent, mais lorsque Celui qui était recherché est présent en personne, alors la méditation se change en émerveillement."
Il cite :


Par un excès d'amour accrois envers Toi mon

émerveillement;
Aie pitié d'un coeur que dévore le feu de sa passion pour Toi,
Et si je demande à Te voir, tel que Tu es, ne répond pas :
tu ne Me verras pas*, mais laisse-moi Te voir.


Être "distrait" et "détourner les yeux" sont aussi makrûh. Le cheikh dit : " Être inattentif, pour le gnostique, c'est être occupé de ce qui ne le concerne pas après qu'il a réalisé le degré de la perfection; et toute occupation qui n'est pas tourné vers Dieu n'est que frivolité et distraction et ne mérite pas que l'on tourne seulement la tête ou que l'on y consacre un instant. Ces occupations en question peuvent être permises à la multitude, mais, pour le gnostique, elles sont comptées comme mauvaises. " Les bonnes actions des Justes sont les mauvaises actions des Rapprochés"; si même de bonnes actions peuvent être eux des fautes, que dire des autres actes qui altèrent directement leur noblesse ? Il leur est permis de manifester leurs lumières de ce monde, mais elles doivent se situer à la périphérie et non en eux-mêmes, car les gnostiques sont intérieurement toujours avec Dieu, et si leur être intérieur devait être occupé par quelque chose d'autre, ils seraient distraits en Sa présence.

Quant à "détourner les yeux", pour le gnostique ayant réalisé l'unité de Dieu par la vision directe, cela équivaut à se tourner vers une autre station ou vers la recherche de quelque chose de plus que ce qu'il a déjà; par exemple, se tourner vers l'accomplissement des prodiges dans le désir de violer à son profit les lois naturelles et de pouvoir, concurremment à la vérité, détruire celui dont il veut la destruction et sauver celui dont il veut le salut. Si Dieu, dans Sa bienveillance, ne vient pas le chercher pour le ramener où il était, il périra avec ceux qui périssent,puisqu'il s'est efforcé d'échanger le meilleur pour le pire, le supérieur pour l'inférieur, et qu'il ne fut pas satisfait d'une seule nourriture. Il est donc à craindre qu'il n'ait à retourner en Egypte, dans l'Egypte des âmes, puisqu'il ne fut pas satisfait par la présence du Très-Saint.

Il fait clairement comprendre, cependant, qu'un tel exemple ne s'applique qu'à "ceux qui prétendent faussement avoir atteint la sainteté". En ce qui concerne le véritable saint, il dit : " Les actes, les paroles et les états des gnostiques se situent entre ce qui est obligatoire et ce qui est recommandé, sans dépasser cette limite. Mais c'est avec l'aide de Dieu qu'ils accomplissent cela, de sorte que même si l'un d'eux désirait se détourner de ce qui plaît à Dieu et à Son apôtre, cela ne lui serait probablement pas possible; à vrai dire, il en serait incapable et l'incapacité, en ce sens, est la réalisation accordée par Dieu. D'où l'on affirme que la sauvegarde (hifz) du saint est comme l'infaillibilité ('içmah) des prophètes."
Puis, passant aux rites funéraires, il dit au sujet du lavage du mort :

" On ne lave pas celui en qui reste une trace de vie. Si même il se trouvait déjà sur la table de lavage et qu'en l'un de ses membres apparût un signe de vie, le laveur l'abandonnerait sur-le-champ." De même le cheikh ne procède pas à la purification du disciple tant qu'il reste en lui quelque trace de l'âme inférieure, c'est à dire à moins qu'il n'ait réalisé sa mort, en réduisant en cendre le feu de sa nature. Sinon, il le laissera aussi longtemps qu'il y'aura en lui quelque désir de vie. C'est pourquoi il exige que le disciple qui aspire à entrer dans la présence de Dieu fasse d'abord tous ses efforts pour anéantir son âme et détruire son existence par le souffle de l'extinction, afin d'être passif entre les mains du laveur, de crainte d'être abandonné avec toutes ses impuretés, à cause de sa nature rétive et obstinée et de son manque de passivité.
Comme l'a dit l'un d'eux :


Si le Destin est propice et si le sort te conduit
Auprès d'un véritable cheikh, un cheikh versé dans la vérité,
Efforce-toi de lui plaire et de suivre ses désirs,
Abandonne tout ce que tu voulais accomplir,
Sois avec lui comme un cadavre entre les mains du laveur.
A son gré celui-ci le tourne, sans qu'il cesse d'être 
passif.

" Ainsi doit être le disciple entre les mains de son Maître, s'il désire être purifié de tout ce qui l'a souillé et s'il échapper à ses limites naturelles. Alors, quand sa purification a été accomplie et qu'il est nettoyé de sorte que, de la niche de son existence, ait rayonné la lumière de son coeur, il faut qu'il tienne cette lumière cachée, car la garde des secrets est une marque du gnostique parfait, de même que leur divulgation est une caractéristique de l'ignorant. C'est là la signification du linceul : il doit envelopper le verre de la liberté avec la niche de la servitude de sorte que rien n'apparaisse de son état d'élu, sauf ce qui est nécessaire. Quand la mort de l'âme a été réalisée, quand celle-ci a été purifiée de la vue par les yeux des sens et enveloppée d'un vêtement convenable, alors elle a mérité d'être cachée aux yeux indiscrets, et c'est ce que signifie l'ensevelissement; c'est à dire qu'elle a mérité l'ensevelissement dans la terre de l'obscurité afin que, par la suite, sa pousse soit belle et agréable à Dieu, ainsi que l'a dit l'auteur de al-Hikam : " Ensevelis ton existence dans la terre de l'obscurité, car la graine ne produit pas en abondance si elle n'est pas ensevelie."




" En vérité, il n'est rien de mieux pour le disciple que l'obscurité après la réalisation, et il n'est pas pour lui de plus grand mal que la renommée en un tel moment, c'est à dire au moment de son arrivée à Dieu, non par la suite, car après son ensevelissement dans la terre de l'obscurité il n'y a pas d'inconvénient au déploiement de sa renommée puisque la pousse est venue quand les racines furent affermies et non avant, de sorte que, sans aucun doute, elle produira en abondance.

" En outre, il n'a pas recherché pour lui-même la manifestation, mais c'est Dieu qui l'a manifesté après son ensevelissement. Il l'a tué et enseveli; puis, s'Il le veut, Il le relèvera; mais s'Il ne le veut pas, il n'appartient pas au gnostique de relever sa renommée de son propre gré, car, en cette station, il est dépourvu de cette préférence, ne désirant ni manifestation ni occultation : il est comme un outil dans les mains de l'Artisan, ainsi  que l'a dit l'un d'eux :


Tu me vois, tel un instrument dont Il est l'utilisateur.
Je suis la plume dans la main du destin."

De façon analogue et par un symbolisme parallèle à ce dernier, la prière des funérailles reflète la réalisation de la sainteté suprême. De même que le corps, à la mort, quitte l'âme, de même l'âme, dans la mort spirituelle, quitte l'esprit. Le cheikh dit :

" La mort corporelle ne peut pas avoir lieu sans l'intervention de l'ange de la mort, et de même la mort spirituelle ne peut se produire que par l'intermédiaire d'un Maître qui sait comment saisir l'esprit de ses disciples.

" Comment celui qui comprend que la mort spirituelle a pour conséquence les délices de la contemplation du Divin n'abandonnerait-il pas son âme à la destruction, considérant comme vanité tout ce qu'il laisse derrière lui, car bien vaines, en vérité, sont ces choses aux yeux de celui qui sait ce qu'il recherche ? En effet, bien que l'âme soit précieuse, au-delà réside Ce qui est encore plus précieux qu'elle :


Précieuse est l'âme, mais pour Toi je veux l'échanger,
Il est amer d'être tué, mais pour Ton bon plaisir cela devient
douceur.

" Quand le disciple se livre à un cheikh afin qu'il puisse l'unir à son Seigneur, alors le cheikh doit l'amener dans la présence de Dieu par un rite dont les obligations sont au nombre de quatre.(1)

" Parmi les obligations, qui régissent l’accomplissement de cette mort et l'ensevelissement de l'existence du disciple, se trouvent quatre affirmations de la grandeur de Dieu. Cela signifie que le Maître doit imposer à l'attention de son disciple les quatre aspects de l'Être : primauté et ultimité, extériorité et intériorité tout à la fois, coupant court à tous ses arguments et fermant toutes les échappatoires. C'est alors que la vérité de la Parole de Dieu : Il est le premier et le dernier, l'extérieur et l'intérieur, devient si évidente que lorsque ces aspects ont serré leurs rangs et que, faute de vide entre eux, le disciple ne trouve aucune issue, sont esprit se retire et son corps s'anéantit puisque les directions de l'espace n'existent plus pour lui du fait que, de quelque côté qu'il se tourne, il ne trouve même pas l'espace d'un bout de doigt entre ces aspects. Se tournant vers lui-même, il découvre qu'il est l'un de ces aspects, et de quelque côté qu'il se tourne, il en est encore de même, conformément à Sa parole : Où que vous vous tourniez, là est la face de Dieu. Ainsi, tournant vers lui-même sa face, celui qui ravi voit la face de Dieu dans le miroir de sa propre existence et dit comme Al-Hallâj : " Dans mon vêtement il n'y a que Dieu"; et par là il ne désigne pas le seul vêtement, mais tous les corps, le plus élevé et le plus humble, les corps sensibles et les corps spirituels.

" C'est alors que l'esprit du disciple s'évanouit, car en présence de l'Être de la vérité il ne trouve ni "où" ni "entre" dans lequel il puisse exister.

" Celui qui prie sur le mort doit savoir comment le conduire en présence de Dieu puisqu'il intercède pour lui. Il doit donc le faire aimer de Dieu, afin qu'il puisse être accueilli; et lui-même sera ainsi l'un des hommes les plus chers à Dieu, comme l'a dit le Prophète, s'exprimant par la langue de la vérité : " Celui qui m'est le plus cher parmi les hommes, c'est celui qui Me rend cher aux hommes et qui Me rend les hommes chers."

" Qu'il soit donc aussi pressant que possible dans la prière, afin que la vérité fasse descendre sa béatitude sur le mort; et celle-ci ne l'agrée que si son Maître a une intention profondément résolu.

" Quand l'entrée du mort dans la présence de Dieu a été accomplie, c'est alors que le cheikh lui propose de passer de cette station vers une autre qui est la synthèse des deux stations extérieure et intérieure; et cela est exprimé par le mot "paix".

Source : Un Saint soufi du XXème siècle ( Le cheikh Ahmad al-'Alawî)


*Réponse de Dieu à Moïse (voir Coran).

1 les quatre éléments nécessaires dans la prière funéraire sont, selon Ibn'Ashir, "quatre louanges, la prière, l'intention, la paix", c'est à dire, prononcer quatre fois la formule Allâhu Akbar (Dieu est le plus grand), invoquer la miséricorde pour le mort avec une intention ferme et dire As-Salâmu'alaikum (la paix soit sur toi) comme à la fin de la prière rituelle ordinaire.

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