mercredi 27 juin 2012

Le Prophète initiateur et les deux pèlerins 2 - Ibn Arabi

L'ECHELLE DES CIEUX ET LES SEPT PROPHÈTES 

Premier ciel : Adam et la lune

L'adepte est reçu par Adam, le théoricien par l'entité spirituelle de la lune. Déception du théoricien évincé des connaissances d'Adam.

Lorsqu'enfin ils en ont terminé avec les exigences du règne de la nature élémentaire, les deux hommes n'empruntant plus désormais à celle-ci que le strict nécessaire à la conservation du corps - de ce corps pour l'existence, l'équilibre et la préservation duquel ils obtinrent cette âme individuelle dont la vocation est de rechercher la Connaissance de DIEU, et que DIEU préposa tout spécialement au Khalifa du corps - alors nos pèlerins émergent de l' "empire des passions" inhérent à la nature élémentaire, et voici que la Porte du Ciel de ce monde s'ouvre devant eux. Le disciple (de l'Instructeur) est accueilli par Adam qui lui souhaite la bienvenue et l'installe à ses côtés. Le théoricien indépendant est reçu par l'entité spirituelle (rûhânîya) de la lune qui l’installe chez elle. Aussitôt, le théoricien qui est l'hôte de la lune voit qu'elle est se trouve au service d' Adam, comme le vizir auquel DIEU a ordonné de lui être soumis. Il voit accumulée auprès de la lune une profusion de sciences, mais dont le domaine est restreint aux contrées situées au-dessous d'elle, et il constate que la lune n'a nulle connaissance de ce qui la surplombe, car de cela  il ne reste qu'une faible trace dans les régions sous-jacentes. Il remarque alors qu'auprès d' Adam réside une connaissance de ce qui est au-dessous de la lune, ainsi qu'une connaissance des localités supérieures placées au dessus d'elle. Et le théoricien voit Adam en train de communiquer à son hôte (l'adepte) le savoir qu'il possède, et que la lune est incapable de lui révéler, à lui. De plus, il apprend qu' Adam n'a accueilli l'adepte que grâce à l'intercession de cet Instructeur qui est le Prophète. Aussitôt, le théoricien s'attriste profondément et il se repent de n'avoir pas voulu suivre la voie que ce Prophète lui montrait. Il se met à croire en lui et se dit que s'il revient du présent voyage, il lui faudra nécessairement suivre ce Prophète, et pour cela, entreprendre un nouveau voyage.

Adam enseigne à l'adepte les Noms Divins et l' " aspect Divin particulier" qui est l' " Élixir des gnostiques".

Quant à l'adepte, cet hôte d'Adam, son bon "père" lui enseigne les Noms Divins selon l'exacte mesure qu'il le voit capable de supporter de par sa complexion naturelle. En effet, la constitution corporelle élémentaire marque de son empreinte les âmes (humaines) individuelles, or toutes ne se situent pas à un seul niveau lorsqu 'elles  reçoivent les connaissances. Telle âme reçoit ce que ne peut recevoir telle autre. En ce premier ciel, l'adepte est instruit par Adam sur l' "aspect Divin particulier" qui est propre à tout existant autre que DIEU et le dissimule à la connaissance tout en étant la raison et la cause de ce qu'Il devient concevable (par l'homme). Le théoricien ne peut pas connaître cet aspect Divin en principe. La connaissance d'un tel aspect, c'est la Science de l’Élixir en Alchimie naturelle. Il s'agit de l' "Élixir des Gnostiques", et je n'ai rencontré personne qui en soit instruit excepté moi-même. Au reste, si je n'avais pas reçu l'ordre d'aviser ce peuple - ou plutôt les serviteurs de DIEU - je me garderais bien d'en parler.

Les sciences spirituelles et naturelles émanant du premier Ciel.

Puis donc, nos deux pèlerins apprennent ce qui revient à cette (première) sphère concernant le pouvoir que DIEU lui a assignée afin qu'elle gouverne les quatre éléments de la Nature et les génitures terrestres. Ils apprennent ce que DIEU a révélé en ce ciel concernant l'ordre qui lui est particulier, selon la parole Divine : " Il a révélé en chaque ciel son ordre propre" (coran 41. 12). Mais le théoricien, étant l'hôte de la lune, n'apprend de cela que ce qui a trait aux influx physiques et aux transformations que subissent les corps composés relevant de la nature élémentaire. L'adepte lui, a le privilège de connaitre ce qui dans ce ciel relève de la Science Divine octroyée aux âmes individuelles : quelle est la relation de l' Être Divin à l'égard de celle-ci, quelles formes appartenant à la sphère de la lune sont imprimées dans les âmes, à partir d'où cette constitution humaine fut seule jugée apte au Khalifa, et nommément Adam qui en reçut l'investiture, lui et le maître de ce ciel. En outre, l'adepte réalise quelle forme est appelée à revêtir le Khalifa de la Science Divine, tandis que le théoricien réalise le Khalifa de la nature élémentaire qui détermine l'agencement des corps physiques, ainsi que les causes efficientes de la croissance parmi les corps qui subissent ces effets.

Le mi'râj comparé à l'état de rêve et les angoisses du théoricien.

Tout ce qu'obtient le théoricien, l'adepte l'obtient également, mais tout ce qu'obtient l'adepte, le théoricien ne peut l'obtenir. Alors son désarroi augmente, il accumule tristesse sur tristesse. Et lorsque son voyage ayant pris fin, il réintégrera son corps, il ne pourra l'admettre pour vrai. C'est que, durant ce voyage, notre homme se trouve comme le dormeur qui rêve pendant son sommeil. Sachant pertinemment qu'il a dormi, il se dit : " cela n'est pas vrai !" lorsqu'il se réveille pour reprendre ses activités, et le voilà délivré de son anxiété. En fait, il est tenaillé par l'angoisse à l'idée que ce qui lui est arrivé dans son voyage (rêve) s'empare de lui pour de bon. Après quoi, le malheureux est incapable de progresser plus avant, et c'est précisément ce qui le tourmente. Il n'en va pas de même pour l'adepte, car ce dernier contemple cette progression (ou ascension mentale) en y adhérant intimement, puisqu'il l'expérimente sous cet " aspect particulier" que seul connaît celui qui l'éprouve personnellement.

Le septième " Substitut Divin " et l'embryogenèse humaine.

En ce premier ciel se trouve le septième " Substitut Divin" chargé de veiller sur la goutte de sperme en gestation dans les matrices, où cette constitution humaine est destinée à apparaître. Il y veille au cours du septième mois qui suit la chute de la semence dans l’utérus. Durant ce mois, le bébé est au stade du foetus. Il se développe et grandit dans le sein de sa mère pendant la croissance de la lune, il dépérit et sa gestation dans le ventre maternel diminue pendant la phase décroissante de la lune. C'est là un signe, car si l'enfant naît au cours de ce septième mois, il n'a pas assez de force pour survivre comme celui qui naît au cours du neuvième mois.
Après avoir séjourné dans ce ciel autant qu'il plaît à DIEU, ils reprennent leur voyage, chacun des deux prend congé de son hôte et ils gravissent l' "échelle des esprits" jusqu'au deuxième ciel.

Deuxième ciel : Jésus, Jean-Baptiste et Mercure

Réception des pèlerins en ce ciel et discours de Mercure à l'adresse du théoricien.

Lorsqu'ils frappent au deuxième ciel, celui-ci s'ouvre et ils y accèdent. L'adepte fait halte chez Jésus - la paix soit sur lui - auprès duquel, se trouve Jean-Baptiste, " fils de sa tante ". Le théoricien descend chez Mercure. Après l'avoir accueilli et gracieusement installé en sa demeure, Mercure  s'excuse auprès de lui et lui déclare : " Ne me retiens pas plus longtemps, car je suis au service de Jésus et de Jean-Baptiste. Voici que ton compagnon de voyage (l'adepte) est descendu chez eux, aussi dois-je me tenir à leur disposition pour savoir ce qu'ils m'ordonnent de faire au sujet de leur hôte. Lorsque j'en aurai terminé avec lui, je reviendrai vers toi". Alors le théoricien s'attriste encore plus profondément et regrette fort de n'avoir pas suivi la voie de son compagnon ni embrassé sa doctrine.

à suivre...
source : l'Alchimie du Bonheur parfait - Ibn Arabi

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