mercredi 10 avril 2013

Soufisme ou la quête de l'absolu (suite et fin).

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Cette aspiration à l'unité se situe au-delà des conditionnements culturels ou sociaux : unité d'un sens transcendant qui permet à l'homme de se mettre debout et de cheminer vers une dignité, une noblesse, une liberté originelle. 

Cette aspiration profonde, qui habite chaque être, est sans doute l'essence de toute prière, de tout élan spirituel. Une quête, une aspiration innée qui explique que les paroles de sagesse puissent, comme disait Jésus, plus facilement toucher des enfants que des adultes chargés de richesses de ce monde, même si celles-ci sont faites de savoir ou d'oeuvres de culte : "Les plus séparés de DIEU, disent les soufis, sont les ascètes par leur ascèse, les dévots par leur dévotion, les savants par leur science". Ceci peut expliquer pourquoi, au-delà d'une connaissance approfondie de la doctrine soufie, la simple évocation de sapience, de poésie; de quelque considération métaphysique, puisse éveiller la nostalgie d'un état d'être, d'une connaissance, d'un "secret" situé à la fine pointe de notre mémoire spirituelle. En vertu d'une affinité essentielle entre le monde sensible et le monde spirituel, les soufis ont, dans leurs symbolique, souvent recours à un langage imagé et concret, faisant partie des expériences les plus intenses du plan humain. Car l'expérience concrète, humaine, pour l'homme doué de cette "vision du coeur", révèle infiniment plus qu'elle-même.

Un langage qui émane du coeur, de l'expérience, de la saveur de celui qui l'énonce et qui dès lors se revêt d'un parfum poétique. La poésie est sans doute le langage du coeur. Un langage qui libère le sens des mots, qui évoque mais n'enferme pas. "Notre science, dit une célèbre sentence soufie, est entièrement allusive, lorsqu'elle se fait explicite, elle s'occulte".

L'essentiel est par delà les mots. Il est dans ces réalités vécues, ces état d'être et de conscience, ces ouvertures intérieures dont les mots ne que des lointains reflets, des traces de voyage. Traces de lumière.

L'actualité d'une voie spirituelle, telle que le soufisme, ne dépend pas d'aléas, d'intérêts ou de phénomènes de mode, mais d'une réalité intrinsèque; une telle voie n'a de sens que parce qu'elle est vécue, enracinée dans une expérience actuelle. "Le soufi, dit une autre sentence, est le fils de l'instant". Les expériences de l'instant prévalent sur une nostalgie du passé ou sur une crainte de l'avenir. La relation à DIEU, à la Transcendance, est une relation immédiate, réelle, vécue.
L'intelligence de l'instant est celle de la sagesse ou des signes  Divins que Celui-ci révèle.
Cette dimension du soufisme comme réalité vécue fait que les formes que peuvent prendre les enseignements soufis ne sont jamais figées une fois pour toutes (évoquant cet aspect des formes, les soufis disent : "Les saints se revêtent des habits de leur temps") : ni celles des formes de l'enseignement direct, de maître à disciple, ni celle des écrits ou traités du soufisme.
Cheikh Abdoulaye Dieye
De ce fait, les maîtres soufis demandent parfois à leurs disciples novices de renoncer, pour un temps, aux lectures de livres sur la voie. Celle-ci pourraient constituer autant de références à une pseudo théorie du soufisme, autant d'écrans, de voiles, faisant obstacle à une saisie immédiate, directe, de réalités spirituelles qui tout en étant universelles n'en prennent pas moins, pour celui qui la vit, une coloration unique. " Il y' a autant de voies qu'il y a d'enfants d'Adam".

L'essence du soufisme échappe donc à des conditionnements culturels ou à ceux des systèmes de pensée. Elle peut bien sûr vivre, s'exprimer, à travers différents contextes culturels ou formes de pensée, sans pour autant s'y identifier.

Mais dès lors, la question se pose de savoir si cette essence est libre de toute forme traditionnelle (un support de transmission) ou s'il existe une certaine relation privilégiée ou nécessaire à celle-ci.
C'est une autre question, souvent posée à notre époque, du rapport entre une voie concrète, déterminée, de l'initiation, est une aspiration à l'universalité.

Que DIEU nous assiste !



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