Pourquoi les soufis ont-ils été appelés ainsi
Certains ont soutenu que les soufis furent appelés de ce nom à cause de la pureté (safa) de l'intime de leur être et de l'absence de souillure de leurs actes. Selon Bichr Ibn al-Hârith, " le soufi est celui dont le coeur est pur à l'intention de DIEU ". D'après un autre, " le soufi est celui dont le comportement est pur à l'égard de DIEU et dont le charisme (karâma) qui lui vient de DIEU - que soient proclamées Sa Puissance et Sa Majesté ! - est pur ".
Selon une autre explication, les soufis ont été appelés ainsi parce qu'ils sont, devant DIEU, au premier rang (saff), du fait que leurs aspirations s'élèvent jusqu’à LUI, et que l'intime de leur être se tient en arrêt devant LUI. D'après certains, ils auraient été désignés du nom de soufis parce que leurs caractéristiques sont proches de celles des " hommes du banc " ( Ahl al-suffa) qui vivaient à l'époque de l'envoyé de DIEU - que DIEU prie sur lui et le salue !
Selon d'autres, ils furent nommés soufis parce qu'ils portaient un vêtement de laine (sûf).
Ceux qui rattachent leur nom au "banc" ( suffa ) et à la " laine " (sûf ) expriment ainsi l' apparence extérieure de leur état spirituel. Ce sont en effet des hommes qui ont délaissé ce bas-monde, ont quitté leur demeure, ont fui leurs amis, parcourant les pays, le ventre creux, dénudés, ne prenant des chose d'ici-bas que l'indispensable pour avoir une tenue décente et calmer leur faim. Parce qu'ils ont quitté leur demeure on les appelle aussi "étrangers" (ghurabâ), et à cause de leurs nombreux voyages on les désigne sous le nom " pèlerins " (sayyâhûn).
Du fait de leurs pérégrinations dans les régions désertiques ( de l'Iran) et parce qu'ils prennent refuge en cas de nécessité dans les cavernes, les autochtones les ont surnommés " les hommes des cavernes" ( chikaftiyya) car le mot "chikaft" dans leur langue désigne une grotte ou une caverne.
Les Syriens leur ont donné le nom de " faméliques " (jaw'iyya) parce qu'ils prennent seulement comme nourriture ce qui maintient les forces dont ils ont besoin, conformément à la parole du prophète : " Des aliments qui maintiennent ses forces devraient suffire au fils d' Adam". Sarî Saqatî les a décrits en ces termes : " Ils mangent comme des malades, ils dorment comme des gens qui font naufrages, et ils parlent comme des hommes stupides."
Du fait de leur renoncement à la propriété on les a appelés " pauvres " (fuqarâ). On avait demandé à l'un d'eux ce qu'était le soufi, et il répondit : " Celui qui ne possède pas et n'est pas objet de possession ", voulant dire par là qu'il n'est pas l'esclave des désirs. A la même question, un autre déclara : " Le soufi est celui qui ne possède rien et qui, si jamais il vient à posséder quelque chose, le donne."
A cause de leur vêtement et de leur aspect on leur a donné le nom de soufis, car ils ne portent pas ce qui est doux au toucher et agréable à regarder, ce qui serait flatter les passions de l'âme, mais uniquement une tenue décente, se contentant d'un tissu au poil rugueux et d'une laine ( sûf ) grossière.
Tout cela était la condition des " hommes du banc ", qui vivaient à l'époque de l'Envoyé de DIEU. Ils étaient en effet "étrangers" et "pauvres", des exilés qui avaient quitté leur demeure et leurs biens. Abû Hurayra et Fadâla Ibn'Ubayd en firent la description suivante : " Ils tombaient de faim à tel point que les Arabes bédouins les prenaient pour des fous." Ils étaient vêtus de laine, et, au dire de certains, cela les faisait transpirer tellement qu'ils exhalaient l'odeur des moutons qui ont reçu la pluie. Ceci au point que Uyayna Ibn Hisn dit au Prophète : " L'odeur de ces gens m'incommode, ne t'incommode-t-elle pas ?" La laine est d'ailleurs le vêtement des Prophètes (anbiyâ') et la mise des saints. C'est ainsi que, une parole du Prophète rapportée par Abû Mûsâ Ach'ari, " soixante-dix Prophètes, pieds nus et vêtus de manteaux de laine, sont passés par le rocher de Rawha, et ils se rendaient au Temple Antique ( de la Mecque )".
D'après Hassan Basri, " Jésus - que la paix soit sur lui ! - se vêtait de crin, se nourrissait des fruits des arbres, et passait la nuit là où il s’arrêtait ". Selon une autre tradition d' Abû Mûsâ, le Prophète se vêtait de laine, prenait des ânes comme monture, et se rendait à l'invitation des pauvres gens. Hassan Basri disait encore qu'il avait connu soixante-dix compagnons ayant combattu à Badr qui ne se vêtaient que de laine. Ceux qui se comportaient comme les " hommes du banc ", selon ce que nous avons indiqué, ayant les mêmes vêtements et la même tenue qu'eux, portèrent donc le nom de " suffiyya " et de " sûfiyya " (soufi).
( à suivre)
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