Sentences du Cheikh Mansour Hallâj
... Rechid Samarqandi raconte que Mansour se rendait à la Ke'abeh avec quatre cents soufis, ceux-ci lui dirent un jour : " Ô Mansour ! nous aurions bien besoin de pain et de têtes de moutons cuites. - Asseyez-vous à la suite les uns des autres, répondit Mansour." Lorsqu'il les eut fait tous asseoir et que lui même eut prit place avec eux, il passa la main derrière lui et donna à chacun deux pains et une tête de mouton cuite; autrement dit, il leur distribua en tout quatre cents têtes et huit cents pains. " Il nous faudrait maintenant des dattes fraîches, dirent les soufis. - Secouez-moi donc, leur répondit Mansour; puis recueillez et mangez toutes les dattes qui tomberont." Eux, alors, secouèrent Mansour, et les dattes de pleuvoir à terre. Ils les ramassèrent et les mangèrent, et tous furent rassasiés. Tout le long de cette route il tomba ainsi des dattes en abondance de chaque arbuste épineux contre lequel s'appuyait Mansour lorsqu'il était assis. Un autre jour, sur la route de la Ke'abeh, les soufis désirèrent des figues, Mansour, étendant la main vers ciel, recueillit des figues fraîches sur un plateau et les leur donna. Une autre fois ils eurent envie de halva, et Mansour en prit dans l'air qu'il mit sur un plateau et leur présenta. Enfin il arriva à la Mecque, où il resta un an debout, en face du temple. (Par un effet de la chaleur) la peau se détachait de son corps, dont la graisse fondait et coulait par terre, sans que lui ne bougeât de place. Chaque jour, dans la soirée, il rompait le jeûne avec une bouchée de pain et buvait une goutte d'eau. Au bout d'un an il gravit le mont arafat et s'écria : " Mon DIEU, donne moi la résignation et la gratitude !"
Mansour disait : " Quiconque renonce à ce bas-monde voit sa personne sensuelle s'élever jusqu'à l'ascétisme. Quiconque renonce à lui-même, c'est son âme qu'il voit s'élever jusqu'à l’ascétisme."
Mansour disait : " Quiconque renonce à ce bas-monde voit sa personne sensuelle s'élever jusqu'à l'ascétisme. Quiconque renonce à lui-même, c'est son âme qu'il voit s'élever jusqu'à l’ascétisme."
Cependant sa puissance d'action s'accroissant de jour en jour, Mansour commença à dire : anâ el haqq ( je suis la vérité). On alla répéter au Khalife ces paroles; et beaucoup de personnes renièrent Mansour et se posèrent en accusateurs contre lui. " Ô Djuneïd ! dit le Khalife, que signifie ce propos ? - Ô Khalife ! répondit Djuneïd, permets qu'on mette à mort cet homme, car on ne peut expliquer raisonnablement un pareil propos." C'est alors que le Khalife ordonna qu'on le jetât en prison. Là il ne cessa de discuter pendant une année avec les savants. Alors le Khalife défendit à qui que ce fût d'aller lui rendre visite; ensuite de quoi, pendant cinq mois, personne n'alla le trouver, si ce n'est Abd Allah Khafif, qui le vit une seule fois en personne. Une autre fois Ibn'Atâ envoya quelqu'un lui dire : " Ô cheikh ! fais amende honorable pour ce propos, afin d'échapper à la mort." Hallâj s'écria : " C'est à celui qui t'a chargé pour moi d'un pareil message qu'il appartient de faire amende honorable !" Ibn'Atâ, entendant ces paroles, versa des larmes et dit : " Voilà Hussein perdu sans retour !"
On rapporte que la première nuit de son emprisonnement, comme on était venu le visiter, on ne l'aperçut pas dans la prison. La seconde nuit on ne vit ni lui ni la prison. La troisième nuit on le vit dans la prison et on lui demanda : " Où étais-tu donc la première nuit ? Et la seconde nuit, toi et la prison, où étiez-vous ? - La première nuit, répondit-il, j'étais auprès de la souveraine Majesté, voilà pourquoi je n'étais pas ici. La seconde nuit Sa Majesté était ici, et c'est pour cela que nous étions invisibles, la prison et moi. Cette troisième nuit on m'a renvoyé ici pour accomplir la loi écrite; venez donc et faites ce que vous avez à faire !"
On raconte que, dans l'espace d'une nuit et d'un jour, il faisait dans la prison une prière de mille rakats . " Mais, lui objecta-t-on, toi, qui prétend être DIEU, à qui donc adresses-tu ces prières ? - Nous autres, répondit-il, nous savons bien tout ce que nous valons."
à suivre
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