J'entendis un jour une voix qui récitait le Coran à la manière du cheikh. Je l'en informai et lui dis que c'était un djinn croyant qui m'avait demandé de le laisser partager ma compagnie; il avait insisté à ce sujet et m'avait lié par un serment. Je tins cet engagement et lui permis de s'asseoir avec moi pour étudier le Coran.
Abû al-Hajjâj, comme son propre cheikh, était toujours exaucé quand il faisait une prière de demande (du'â'), et il avait le pouvoir de marcher sur les eaux.
Une nuit, des voleurs pénétrèrent dans sa maison et prirent quelques effets qui s'y trouvaient. Pendant tout ce temps, le cheikh était sur sa natte de prière, trop absorbé par ses dévotions pour remarquer leur présence. Quand les voleurs voulurent quitter les lieux, ils ne purent trouver aucune issue et le mur semblait grandir sous leurs yeux. Ils restituèrent alors les objets, et ils trouvèrent la porte.
L'un d'eux se tint près de celle-ci, et les autres retournèrent chercher les objets qu'ils avaient dérobés. A peine eurent-ils fait cela, qu'à nouveau ils ne purent trouver la sortie. Quand ils interrogèrent leur chef, il leur assura qu'il n'avait pas quitté sa place mais qu'il ne pouvait plus voir la porte. Ils répétèrent l'opération plusieurs fois, sans succès. Quand ils se rendirent enfin compte de ce qui se passait, ils remirent les objets volés à leur place et quittèrent la maison repentants. C'est un des voleurs qui m'a rapporté cette histoire.
Je restai avec lui jusqu'à sa mort, ayant été son compagnon pendant près de dix ans.
source : les Soufis d'Andalousie (Ibn Arabi)
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